Le pic du Hvannadalshnjúkur
En Route Vers l’Ascension
Il est 4.00am. La légère luminosité à l’extérieur, l’ascension en tête, nous rappel que le soleil de minuit ne nous laisse pas de répit. Encore est-il que nous sommes seulement en mai. Durant le solstice d’été le pays connait presque 24h d’ensoleillement, à plus ou moins forte intensité.
Chacun finit par s’activer sur la couchette de la petite maisonnée du campement que aurons occupé toute la semaine à Svínafell, aux abords du Skaftafell. Nos paquetages préparés la veille, il ne nous reste plus qu’à brièvement nous mettre sur pied. Un rapide petit-déjeuner et nous embarquons à bord de la camionnette de la compagnie de IMG.
Nous sommes 12 avec nos deux guides pour entamer l’expédition. Chacun s’est allégé au maximum. Délestant ce qui n’était pas nécessaire au camp, afin de pouvoir se répartir le matériel de camping et d’alpinisme. Nous serons deux jours en autonomie et il faut donc tout prévoir.
Cette nouvelle expérience au terme de l’ascension doit nous mener au sommet du Hvannadalshnjúkur (Prononcé kva-na-dalshn-yokul… Plus ou moins, compliqué huh ?). Plus haut sommet d’Islande, sur le versant nord de la caldeira du Öraefajökull, autre volcan (presque imprononçable…) parmi les nombreux du parc du Vatnajökull.
1er jour, l’ascension du sommet débute.
Le passage vers le sommet se fait au départ de la ferme abandonnée de Sandfell.
5 mins à peine après notre point de départ. La ferme est abandonnée et en ruine apparemment depuis plus d’un siècle, du fait de l’activité sismique. Le chemin que nous décidons de suivre est un des plus couramment utilisés par des randonneurs. Il existe toutefois d’autres passages, à travers les glaciers, plus loin en revenant sur nos pas. Davantage recommandés pour des alpinistes chevronnés ou guides certifiés.
C’est finalement à 5.30am que nous prenons la marche, la température doit avoisiner les 10-12° voir un peu moins et tout le monde est donc couvert chaudement. Pas pour très longtemps cependant… En effet les premiers reliefs nous offre un chemin rocailleux serpentant sur une pente à un peu plus de 30° d’inclinaison, tout le monde ne tarde pas à se découvrir et à suer à pleine goutte. Certains gardent le rythme et ouvre le pas, d’autres ralentissent, mais ne lâchent rien.
Mon regard lui vagabonde sur l’environnement qui s’offre à nous.
Sol noirci de roche et sable volcanique. Parsemé ici et là de mousse mais également et j’en suis assez surpris d’innombrables petites fleurs de couleurs. Gunnar, l’un des membres Islandais de l’expédition me fait remarquer que d’ici un mois, au coeur de l’été, il est même possible de pouvoir y trouver des mûres sauvages.
Ce pays est fascinant, au coeur de paysages presque désolés, la vie se fraye son chemin. La veille par exemple, je découvrais également des brins de thym sauvages poussant au sein des champs volcanique recouvert de mousse.
Le rapport que beaucoup d’Islandais ont gardé avec la nature, avec leurs terres, est, je trouve aux antipodes de la manière dont on peut avoir l’habitude de vivre sur le continent.
Les cimes et paysages de montagne se découvrent.
Le groupe poursuit sa route. Le trail suit maintenant un cours d’eau, s’écoulant du plus haut des cimes et des glaciers. Ses abords sont bordés d’un tapis de mousse. Sa texture moelleuse vous donne presque envie de vous allonger un moment pour flâner face à quelques rayons de soleil.
On a l’habitude de dire qu’on ne peut pas se fier au temps en montagne. C’est d’autant plus vrai en Islande. Les guides ont repoussé d’une journée l’ascension, espérant des conditions plus clémentes. Jusqu’à présent tout semble correct. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. Le ciel est par moment nappé par quelques nuages puis s’éclaircit à nouveau. L’un de nos deux guides, Yón –Sosie de Ragnar (pour les amateurs de la série Viking), si si je vous assure ! – nous a annoncé avec un brin d’humour qu’il espère pour une fois accomplir cette ascension avec un temps clément. Espérons aussi une vue splendide au sommet.
Les quatre premières heures sont rudes, dû à l’inclinaison et malgré des pauses régulières. La fatigue ne tarde pas à se faire sentir dans les pieds pour certains, dans le dos pour d’autres. Après s’être faufilé à travers une paroi rocheuse, nous faisons une pause sur les débuts de ce qui semblent être une sorte de plaine couverte de roches de différentes tailles.
L’inclinaison heureusement a diminué, mais nous n’en avons pas fini. La dernière heure nous fait finalement découvrir la neige. Tous toujours en file indienne nous suivons l’un des guides, qui ouvre le pas, tandis qu’autour de nous les paysages rocailleux laisse apparaitre le manteau neigeux. Puis, au loin légèrement se découvrant à travers la brume, les glaciers.
L’ascension du Hvannadalshnjúkur se déroule généralement en deux parties
La première phase décrite nous mène à 1100m d’altitude après 4 à 5h de marche.
C’est l’occasion alors d’établir le campement dans une zone neigeuse. Chacun participe, creuse des tranchées pour pouvoir fabriquer des murs de neige afin de se protéger du vent. La violence du vent en Islande peut être clairement cinglé, et ce n’importe où, à n’importe quel moment… À croire que les anciennes croyances scandinaves seraient encore à l’oeuvre ici ?
Quoiqu’il en soit pour notre part, nous mettons en places les tentes, et construisons même des toilettes artificielles temporaires grâce à la neige. Absolument. Ce n’est pas une blague.
Les dernières heures sont rudes
Le temps de mettre en place notre campement, les conditions se sont dégradés, entendons, brouillard, vent et donc … Froid.
Un abri pour pouvoir utiliser nos différents réchauds est également aménagé, et une fois fait, l’on se met à la tâche de faire fondre de la neige.
Pouvoir apprécier une boisson chaude est quelque chose d’inestimable.
On ne l’imagine pas d’ailleurs de se retrouver dans ce type de conditions, d’efforts ou de fatigue. Finalement, le vent lui-même pousse les éléments à nous éclaircir le ciel, et une vue magnifique s’offre enfin à nous.
Le reste de l’après-midi est l’occasion de s’entrainer à différents exercices liés à l’Alpinisme tel que le Self-Arrest. Une méthode pour se ralentir et s’arrêter dans la neige ou roche en cas de chute dans une pente ou piste en montagne. Ainsi que d’autres expériences afin de tester la qualité du pack neigeux et les risques d’avalanche.
Dernière partie vers le pic de l’expédition
3am, le lendemain. De nouveau nous sommes extirpés de notre sommeil. Une façon presque intenable et tiraillé par le froid, entassé chacun par trois dans les tentes et emmitouflés dans nos duvets respectifs. Dehors la voix de Yón s’agite. Il fait chauffer de l’eau pour les portions de céréales que chacun de nous avalerons en guise de déjeuner ainsi que les boissons chaudes qui nous mettrons du baume au coeur.
Lorsque tout le monde est prêt 1h plus tard, nous allégeons à nouveau nos sacs pour la dernière ascension. Les campements resteront montés et nous les récupérerons sur le chemin du retour. Nous nous encordons alors. Le groupe est divisé en deux, chacun avec un guide à sa tête.
L’encordement est une cette méthode typique à l’alpinisme.
Pour se sécuriser sur sur un glacier ou zone enneigée par exemple. Par groupe de plusieurs personnes, on s’attache donc mutuellement en laissant une même distance de quelques mètres entre chacun.
Il faut ensuite essayer de marcher avec le même rythme, pour laisser la corde assez tendue sans pour autant lâcher trop de leste. Le tout pour donner davantage de sécurité. Car, les crevasses cachées et disséminées sont nombreuses.
La première partie de l’ascension du Hvannadalshnjúkur ne nécessite pas d’utiliser cette méthode. Cependant, le plus haut sommet d’Islande est réputé pour ses nombreuses et profondes crevasses de glace. La dernière partie de cette expédition nous oblige donc à prendre cette précaution. Nous partons à nouveau pour presque 2 à 3h de marche. Le temps y est clément comme la veille à ses débuts. Alors que nos pas s’enfoncent dans la neige, la vue qui s’offre à nous porte à réflexion et laisse songeuse.
Avant dernière étape, le plateau à 1800m d’altitude
Alors que d’autres chemins existent, pour des alpinistes plus chevronnés comme je le mentionnais et filent droit vers le sommet, celui au départ de Sandfell conduit d’abord à un plateau neigeux. Vous y retrouvez ensuite du plat pendant une quarantaine de minutes.
Au moment où nous traversons cette partie du Hvannadalshnjúkur, un épais brouillard commence à s’installer. Toutefois, le soleil filtre intensément à travers la brume, ne pas porter lunettes et masque seraient alors presque dangereux. Finalement, nous approchons du pic.
Les 100 derniers mètres sont à portée de main. La partie la plus complexe de cette expédition j’imagine. Mais c’est également celle qui devrait apporter le plus d’adrénaline !
Cette dernière partie nécessite de s’équiper de façon plus technique.
A savoir crampons, ou d’utiliser nos grands piolets pour pouvoir l’utiliser comme bâton de marche et également pour déterminer où la neige est assez ferme pour poser le pied. Les conditions se détériorent de plus en plus tandis que nous serpentons en file indienne vers le sommet. Un premier groupe à l’avant puis le nôtre, nous suivons notre guide. Je ferme la marche une vingtaine de mètres derrière.
Cette dernière aventure vers les cimes du Hvannadalshnjúkur nous fait traverser les crevasses, que nos guides et professeurs repèrent. Nous les traversons un par un, la technique étant que pendant que l’un traverse, les deux autres, à l’avant et à l’arrière, s’avancent et se reculent assez. Et ce afin de maintenir le moins de jeu possible dans la corde en cas de chute…
Cimes du plus haut sommet d’Islande
La météo est de plus en plus instable. Il m’ait malheureusement impossible de ressortir l’appareil photo. La visibilité ne le permet plus et les conditions dégraderaient le matériel. L’un des objectifs s’est d’ailleurs déjà vu recevoir une tâche interne de buée. Heureusement qui disparaitra au retour au chaud après l’expédition !!
Le sommet est atteint en difficulté mais avec volonté. Nous n’y restons finalement pas longtemps au vu du vent intenable qui y règne et de la visibilité quasi nulle. Les guides nous pressent de redescendre, car visiblement, en termes de conditions météo pourries, ce n’est pas terminé…
La redescente est éprouvante, pestant contre soi-même, à croire qu’elle est interminable. Nous remballons finalement le campement et reprenons à nouveau la descente. Le climat sauvage d’Islande ne s’est toujours pas calmé.
Et pourtant… Sur les dernières centaines de mètres d’altitude, l’éclaircie nous retrouve. L’horizon s’offre alors à nous, presque bluffant…
Une expérience à ne pas louper
Se retrouver là haut au coeur du blizzard laisse à réflexion. L’adrénaline de l’instant, de la survie, et la volonté, vous poussent à agir et continuer à avancer. Car de toute manière, l’inaction et le froid vous gèleraient sur place. Mais l’on ne perd pas de vue pourtant, et surtout une fois passé, qu’en un instant tout peut changer. Un mauvais pas, une mauvaise action et vous vous projetez dans une crevasse. Une décision hâtive et c’est ceux qui vous entoure que vous pouvez mettre en danger.
On attribue généralement plus l’Islande au cercle d’or, en temps que touriste, qui fait le tour de l’île. Mais s’aventurer davantage vers l’intérieur ou en altitude peut offrir des moments assez uniques ! Généralement les treks et randonnées de plusieurs jours les plus connus sont celui du Laugavegur et du Langisjor.
L’ascension du Hvannadalshnjúkur
Cette expérience était une aventure riche en émotion que je conseille vivement !! La nature islandaise, même si rude, peut vous offrir de belles et agréable surprises. Et si ce n’est pas en terme de paysage, ce le sera simplement en terme humain, ou personnel.
Les guides de IMG ont su être très professionnel et à la fois nous encadrer dans un cadre extrêmement convivial et ludique. Je vous les recommande si vous comptez réaliser une expédition, un trek, ou tout autre voyage d’aventure en Islande !
N’hésitez pas à faire part de votre expérience si vous avez, vous aussi, réalisé l’ascension du Hvannadalshnjúkur ! Comment s’est-elle organisée ? Et surtout quelle météo au sommet ?! D’autres expériences en ascension de sommet ?