Skaftafell, des glaciers et de l’alpinisme
Boots Aux Pieds, Veste Enfilée
Il ne restait maintenant plus qu’à empoigner le backpack et c’était parti pour Skaftafell. Le mini-bus des guides de montagne de IMG nous emmenaient pour presque une semaine de formation et d’escapade en plein air au coeur de ce parc naturel.
Une formation initiatique à l’Alpinisme, activité aussi fascinante que dangereuse, mais qui avec de la pratique et une conscience des risques, peut faire de montagnes, glaciers, falaises et grands espaces escarpés un véritable terrain de jeu. Autant qu’un véritable mode de vie. Celui de se laisser échapper vers les sommets et l’air frais de ce que la nature a de plus beau à offrir.
Quitter la capitale Islandaise Reykjavik par la Nationale 1, l’itinéraire principal qui fait le tour de l’île est idéal si l’on décide de visiter le pays sur une semaine à une dizaine de jours. C’est le trajet le plus commun lorsque l’on souhaite découvrir l’Islande pour la première fois. Et goûter ainsi les paysages surprenant que cette terre nordique a à offrir. La route s’échappe plein Est vers le Parc du Skaftafell, dont le trajet qui peut sembler assez long (4 à 5 heures) est vite oublier par l’aspect lunaire et à la fois plein de vie qui s’étend face à nos yeux.
Direction L’Est
Champs de lave désolé, jonglant entre des couleurs sombres et rocailleuses puis le vert frappant de végétation et mousse s’accaparant l’espace. Et à travers cela, étendues d’eau et rivières se frayant un chemin tantôt de manière calme ou ruisselante et tantôt avec la force d’une tempête. Tempête qu’aurait déchaîné les dieux du panthéon scandinave.
C’est aussi ça l’Islande, histoire d’une colonisation viking, terre d’opportunités, de renouveau, et de libertés. Le tout cohabitant avec un folklore de fées, nains et trolls à l’oeuvre à travers les différents glaciers, collines et terres volcaniques. Lesquels peuvent sembler pour quelqu’un habituer aux plaines et forêts continentales, tout droit sortis d’un autre monde.
Le transport s’écoule finalement très vite, laissant le temps à chacun de brièvement faire connaissance. Nous sommes une dizaine, tous d’horizons différents avec une volonté de pousser davantage notre découverte de l’Islande en s’initiant à l’Alpinisme. Certains simple curieux, des Etats Unis ou de Belgique. D’autres, Canadiens, voyageur aguerri, que cette terre Islandaise a déjà enduré. Et même encore jeunes guides Islandais souhaitant parfaire leurs connaissances. Cette semaine que nous allons passer ensemble annonce convivialité, découvertes, et entraide. Quant au climat Islandais, il va nous soumettre à l’épreuve également.
Aux Abords Du Skaftafell, Le Défi Qui Se Profile
Au terme de cette formation, notre objectif est clair, nous ascensionnerons le plus haut sommet d’Islande. Le Hvannadalshnukur. Celui ci culmine à presque 2120m d’altitude, et surplombe un espace naturel de 8100 km2. Tantôt semble-t-il généreux et clément auprès de ses visiteurs. Tantôt parfois instable et capricieux, capable de vous piéger dans des conditions climatiques hasardeuses… A l’image de l’Islande en soi. Rien ici ne semble acquis, c’est une contrée en perpétuel changement.
Nous installons notre campement à Svínafell, où se regroupent quelques habitations siégeant au pied du parc du Skaftafell. Lequel est au cœur donc de ce parc nationale plus connu du Vatnajökull. C’est également le plus imposant glacier d’Europe. Cette zone sauvage et presque instable nous offre un panel de reliefs succédant de montagnes, glaciers, terres volcaniques et hautes cascades. En contrebas, quelques fermes et villages, dont la vie j’imagine connait des conditions rudes et indépendantes depuis probablement plusieurs dizaines si ce n’est centaines d’années.
On peut d’ailleurs observer une de ces cascades jonchant le campement et qui donne lieu à une brève escapade alors que le soleil de minuit (ou du moins la luminosité) ne semble pas vouloir disparaître et laisser place à la nuit.
Par Où Débuter ?
Après l’installations, nous passons Hof, ici encore amas de quelques maisons et fermes. Assez grand en Islande pour être appelé « village ». Là est le paradoxe de cette vaste île peu densément peuplé.
Hof franchit, c’est une journée à Hnappavellir qui s’avère très intéressante. Là, de grandes étendues de falaises et de roches font face à l’océan, et nous offre la possibilité de contempler l’une des plus grandes zones d’escalade d’Islande. Il n’est pas question uniquement d’observer, car c’est ici que les premiers exercices commencent. Un cadre parfait pour s’initier aux techniques de nœud sur cordage, descente en rappel, escalade sur roche… Agissant ainsi en binôme où pendant que l’un grimpe, maintenu par mousquetons et autre harnais, l’autre s’assure de donner assez de leste quand il le faut. Et de veiller à la sécurité de son camarade bien sûr… Une chute au début de l’expédition serait malvenue n’est ce pas ?
Le temps clément jusqu’ici et l’horizon à perte de vue me laisse songeur face à ce qui semble être encore une fois un espace déconnecté du monde.
Game of Skaftafell .. Pardon ?
Le reste de la semaine se poursuit, où les guides de IMG, Jón Yngvi et Bjartur Týr, à la fois très pédagogues et décalés, dans la joie et la bonne humeur propre aux islandais, nous emmènent sur le Svínafellsjökull. Qui signifie littéralement « gros glacier de montagne ». Et c’est le cas de le dire.
Puisqu’aux abords de celui ci, on voit cet amas de glace s’étirer à perte de vue puis grimper plus loin en altitude. Cette zone est également très connue pour avoir était le lieu de tournage de plusieurs scènes de cinéma. Dont le Mur et au delà dans la série Game of Thrones. Ainsi qu’également de Batman Begins, avec Christian Bale en tête d’affiche.
Apercevoir un glacier d’aussi près pour la première fois est quelque chose d’assez incroyable.
Et c’est ici que nous pratiquons à nouveau des techniques de descente en rappel. Ce qui est suivi de l’utilisation de crampons et pic à glace et enfin… D’escalade sur des falaises de glace. Quelque chose d’à la fois compliqué et fascinant. Ainsi descendu au fond d’une crevasse, à l’aide de pics et crampons, par la simple force de vos bras et jambes, il faut alors escalader la dizaine de mètres de glace qui vous sépare du rebord. C’est clairement source de mise à l’épreuve de son corps et de sa volonté.
Alpinisme, Skaftafell.. Une initiation ?
L’alpiniste est celui qui sait conjuguer la compétence technique, la conscience du risque et un amour de la montagne fait de familiarité et de respect. Paul Keller, alpiniste Français, première ascension du Jannu
Lorsqu’on pense à un glacier on peut imaginer directement quelque chose d’inaccessible, flottant et trônant au cœur de la banquise des extrêmes pôles. Inaccessible, précieux et fragile.
Malgré tout, lorsque l’on pose son pied sur cette bête de glace, gracieuse et imposante, parsemé de crevasses et autres fissures, le sentiment que ce geste pourrait à tout moment nous être fatal occupe rapidement l’esprit.
Mais pour autant, la fraîcheur qui se dégage de cette immensité impose un état de sérénité presque. Changeant et se transformant chaque année au grès du climat et des températures, on pourrait presque croire qu’un glacier est une entité vivante. Une beauté naturelle qui appelle au respect. Je pense que c’est un peu ça aussi l’alpinisme. Apprendre à comprendre et vivre avec ces éléments.
Déjà marché sur un glacier ? Des conseils pour débuter en alpinisme ?
Plus de photos ici